UNE DÉCOUVERTE

A quelques kilomètres de Ferrières-sur-Sichon, le Musée de Glozel vous accueille dans la dernière maison du hameau, le Musée d’Émile Fradin. Un Musée qui rassemble depuis 1926 les découvertes qu’il fit dans l’un de ses champs à quelque 600 mètres en contrebas du hameau.

Ce jour-là, Émile défriche un champ avec son grand-père Claude ; nous sommes le 1er mars 1924. Le nom du hameau de Glozel va s’afficher à la une de la presse et ce lieu va devenir le champ clos d’une querelle secouant les milieux de l’archéologie en France et à l’étranger.

Ce 1er mars, 1924, Émile et son grand-père Claude voient l’une des bêtes de l’attelage de la charrue s’enfoncer soudainement dans une cavité. Il faut dégager la vache ; les hommes découvrent alors des fragments de poterie, une tablette couverte de signes, des ossements… Puis des tombes seront mises à jour : le champ Duranthon s’appellera Champ des Morts.

Des fouilles pratiquées par Antonin Morlet, médecin de Vichy féru d’archéologie, sont menées à partir de 1925 après entente avec la famille Fradin. Il associe Émile aux fouilles. Le milieu officiel de l’archéologie française considère à cette époque que le gisement de Glozel ne présente pas d’intérêt.

Morlet rattache les découvertes à la préhistoire : il date les trouvailles de Glozel du Néolithique ancien et admet que l’écriture était connue à Glozel. Il attribue le style des gravures sur os à un Magdalénien tardif. Préhistoriens et savants sont alertés par Morlet et les avis sont partagés ; plusieurs viennent à Glozel voir les objets, participent aux fouilles D‘énormes et violentes controverses s’engagent et gagnent la presse et l’opinion publique. Les chercheurs affluent à Glozel : les découvertes relèvent des temps préhistoriques pour les uns et pour les autres, c’est une vaste mystification dont Émile Fradin, 17 ans, est l’auteur. C’est « La guerre des briques » ainsi nommée par Léon Côte, auteur de Glozel trente ans après et de Glozel authentique. Guerre des briques par allusion aux tablettes en argile découvertes dans le champ de fouilles et gravées de signes indéchiffrés. Glozéliens et antiglozéliens s’opposent.

Les inscriptions des tablettes (120 signes) posent un problème aux spécialistes de l’écriture : est-on en présence d’une naissance de l’écriture ? Les signes sont présents sur les trois matériaux des objets de Glozel : la terre cuite, la pierre, l’os or les objets ne seraient pas de la même époque. A ce jour, les signes ne sont déchiffrés malgré les travaux de plusieurs traducteurs.

1927 : une commission internationale statue sur l’affaire et par le truchement d’antiglozéliens de la première heure, elle émet un rapport défavorable. 1928 : plusieurs savants ayant exploré le champ de fouilles constituent un comité d’études et concluent à l’authenticité du site.

Des procès ont lieu de 1928 à 1932. Les jugements rendus sont au bénéfice des glozéliens mais Glozel n’est pas reconnu officiellement. Morlet poursuit les fouilles et ses publications. En 1941, une nouvelle législation réglemente les fouilles et il faut attendre les années 1970 pour de nouvelles recherches sur le site.

Vagn Mejdahl date des objets par Thermoluminescence, datations que confirment Hugh Mac Kerrell et Henri François : il est question de datations faisant remonter les objets à l’Antiquité. Au printemps 1975, lors du symposium annuel d’archéométrie à Oxford, 150 savants reconnaissent de manière officielle à la fois l’authenticité et l’intérêt de Glozel. La même année, de nouveaux résultats émanant de plusieurs laboratoires indiquent que des os gravés du Musée sont datés de l’époque magdalénienne par la Carbone 14.

Faut-il ouvrir de nouvelles fouilles ? Des prospections magnétométriques ont été effectuées sur le terrain de fouilles et les terrains voisins. Des autorisations ont été délivrées pour d’autres sites que Glozel. Les résultats ne sont pas probants et il convient de mener une étude complète du domaine archéologique en Montagne bourbonnaise, Glozel n’étant pas un site unique.